Voyage aux pays du coton 
Pour mieux comprendre les mondialisations, celles d'hier et celle d'aujourd'hui, rien ne vaut l'examen d'un morceau de tissu. Sans doute parce qu'il n'est fait que de fils et de liens, et des voyages de la navette. ─ Erik Orsenna
Les fibres du coton

Sommaire du dossier :


1 - Que fait-on avec le coton ?
2 - Quels sont les différents acteurs de la mondialisation évoqués dans le livre ?
3 - Quels sont les flux et réseaux du coton ?
4 - Quels sont les territoires de la mondialisation concernés par l'économie du coton ?
5 - Quelles sont les grandes questions touchant à la mondialisation ?
6 - « Vous êtes géographe et réalisez avec Google Earth un circuit du coton. »

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1.

Question 1
Que fait-on avec le coton ?

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L'utilisation du coton se fait de trois façons différentes : à partir des fibres, des graines et des restes. Les fibres représentent souvent les usages les plus connus par les hommes, c'est-à-dire les usages quotidiens qu'on en fait (par exemple les disques de coton démaquillants). Les graines et les restes sont des usages moins connus car moins répandus : dans l'agriculture ou bien dans les industries de façon globale. 

2.

Question 2
Quels sont les différents acteurs de la mondialisation évoqués dans le livre ?


Le concept de la  mondialisation se définit comme une internalisation globale du monde à travers un accroissement des échanges, et une disparition théorique des frontières, le libre-échange. Les ressources, biens et services sont produites dans un pays et directement exportées dans plusieurs autres pays : entre temps, elles peuvent être modifiées ou transformées. La révolution des porte-containers, par exemple, est un symbole de cette mondialisation avec l'accélération et le transport plus faciles de façon globale. Les flux, qu'ils soient informatifs, matériels ou immatériels sont toujours plus rapides et encore plus nombreux. La mondialisation est un processus auquel il est impossible d'échapper, à moins d'avoir une économie complètement fermée, comme en Corée du Sud.

Le coton est donc un produit qui subit les effets de la mondialisation, et plusieurs acteurs sont à l'origine de ce phénomène. Ils sont ainsi énumérés par ordre décroissant d'influence :

1. Les firmes multinationales (FMN)
Elles se définissent comme les entreprises qui possèdent au moins une filiale à l'étranger.

Même si elles ne jouent pas un rôle essentiel (voire superficiel) dans la production de base du coton, quand il s'agit du sujet de la mondialisation, on ne peut ignorer le rôle d'une firme multinationale. Elles jouent un rôle primaire et sont essentielles à la mondialisation. Ce sont ces entreprises-là qui sont à la base des délocalisations et de la division internationale du processus de production. En effet, avec l'apparition de ces firmes, sont apparues le concept de division : on exporte la partie de la production qui intéresse dans un pays qui produit pour moins cher, ou bien l'approvisionnement chez des pays qui produisent déjà le coton.

La mondialisation repose donc directement sur ces firmes : elles sont à l'origine à la recherche des pays qui leur procureront les meilleurs avantages. Une firme peut donc compter sur la fabrication du coton aux États-Unis, ou alors en Afrique, et caricaturalement, dans le monde entier puisque le coton est une fleur facile à produire, un des besoins rares étant la chaleur, par exemple.
De façon schématique, la firme multinationale possède un siège social, qui est un centre décisionnel : ce siège permet de réunir les personnes situées à un haut niveau dans la hiérachie de l'entreprise. Les filiales se déclinent ensuite dans plusieurs pays. Ainsi, Louis Dreyfus, multinationale de négociation est présente dans 53 pays : des pays développés, la plupart du temps consommateurs de coton ("pur" ou "transformé"), afin de revendre le coton provenant des pays producteurs.

Ainsi, les FMN représentent l'élément de lien, d'échange du coton entre les pays producteurs, les « transformateurs » et les pays consommateurs, car elles sont à l'origine des négociations, des échanges et des transports de matière. Elles possèdent un espace économique complètement indépendant des États, d'où leur capacité à fonctionner dans le monde entier, avec des frontières qui s'effacent peu à peu.

2. Les producteurs de coton
Il convient ensuite, logiquement, de placer les producteurs de coton en seconde position. Néanmoins, ils viennent après les firmes multinationales car à l'origine, la production de coton est essentiellement locale : c'est plus tard, avec la naissance des grandes marques de textile que les exportations tendent à devenir plus importantes. En effet, la production de coton est tout d'abord, comme l'agriculture, vivrière : elle permet de faire subsister un producteur et sa famille, ou une nation. A la base, les premiers producteurs de coton situés en Afrique de l'Ouest au Mali sont des paysans qui le font pour survivre et générer de l'argent pour eux-mêmes. Il serait illogique d'ignorer les producteurs comme étant "dispensables" dans la mondialisation. En revanche, les producteurs eux-mêmes ne sont pas nécessairement directement intégrés au processus : c'est des organisations ou des institutions qui vont contribuer aux exportations et à la revente du coton au monde entier.

3. Les États et autres institutions
Prenons l'exemple de la Compagnie d'État Malienne pour la Production du Textile (CMDT), au Mali : cette organisation achète le coton aux producteurs et se charge de le revendre a qui veut en acheter. La CMDT dépend de l'État malien, donc les bénéfices tirés de la revente de coton à l'étranger contribuent directement à la santé du pays, et de façon plus relative, des producteurs.
D'un point de vue plus financier, les organisations et institutions boursières sont une conséquence directe de la montée en puissance des FMN. Le coton est ainsi une ressource cotée en bourse et qui possède un cours, afin de déterminer à quels moments il est favorable ou non d'en acheter. Wall Street, place boursière new-yorkaise permet par exemple de regrouper les échanges du coton au niveau financier. 
D'un point de vue commercial, on ne peut ignorer l'Organisation Mondiale du Commerce, qui regroupe plus de 150 pays dans le monde aujourd'hui : les pays producteurs-exportateurs de coton, les pays acheteurs et autres en font la plupart du temps partie. Ainsi, la plupart des États participent à l'agrément du libre-échange, et ne font que renforcer la mondialisation.

Le coton est donc une autre ressource qui permet aux États de s'intégrer à l'économie et à l'activité mondiale. Puisque les producteurs se spécialisent dans cette production, quand d'autres se spécialiseront dans des catégories bien variées, les exportations permettent de se créer une véritable clientèle qui sera fidèle aux producteurs, car ils ne disposent parfois pas de cette ressource chez eux. Cependant, ces échanges ne sont pas nécessairement bien régulés, d'où la présence d'un autre type d'organisations...

4. Les Organisations Non Gouvernementales (ONG)
On pourrait synthétiser la finalité des ONG par un objectif précis : l'égalité. Ceci serait néanmoins bien trop réducteur, mais on constate que les ONG convergent souvent vers cet objectif, ou des variantes. Leur objectif est de prodiguer, par exemple, aux producteurs des conditions de production, de revente et d'obtention de bénéfices optimale. Pour l'exemple du coton, on retrouve le plus souvent des organisations et syndicats destinés aux producteurs : ce sont eux qui sont parfois victimes des injustices, et obscures conditions des échanges mondiaux, qui tendent à être trop peu régulés. Leur fonctionnement est basé sur le fait qu'elles ne sont aucunement liées à l'État, ce qui leur permet de défendre leurs propres intêrets et atteindre les consommateurs sans que leurs points de vue soient déformés par les institutions nationales. 

Des ONG concernant le coton sont ainsi présentes en Égypte, ou bien, on peut citer le National Cotton Council aux États-Unis qui lutte pour que les producteurs continuent à bénéficier des subventions de l'État américain. 

D'autres acteurs participent ainsi à la mondialisation du coton, comme les laboratoires de recherche, qui contribuent à faciliter la production cotonnière, mais elles sont moins essentielles à la mondialisation dans la mesure où le processus peut subsister sans leur influence.


3.

Question 3
Quels sont les flux et réseaux du coton ?

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Plusieurs précisions : 
1) Le terme "transformateur" permet de désigner la présence d'usines dans le pays qui se chargent de recevoir le coton brut pour le transformer en plusieurs nouveaux produits, comme à Datang, la ville de la chaussette ou le coton est transformé. 

2) Les États-Unis cumulent plusieurs rôles en ce qui concerne le coton : ce sont des producteurs et consommateurs majeurs, d'où la nécessité d'utiliser une nouvelle couleur. Les pays en vert, c'est-à-dire les producteurs, n'ont pas assez de poids sur les deux fonctions pour être considérés comme tels. Par le même processus, la Chine est par exemple colorée en bleu car elle cumule d'importantes fonctions en ce qui concerne la production et la "transformation" du coton.

3) Les flux de coton brut ont une épaisseur variable selon la taille et l'importance du flux de coton. 

4) Les multinationales tiennent essentiellement un rôle de négociation au niveau des échanges financiers de coton. Elles représentent aussi un réseau. Les places boursières, quant à elles regroupent les rassemblements d'échanges financiers. Le flux qui les relie est donc le flux le plus important d'échanges immatériels. Il y a aussi (absent sur la carte) un flux qui relie New York et Liverpool à la place boursière égyptienne d'Alexandrie.

5) On peut aussi considérer la France, le Maroc et l'Algérie (non colorés sur la carte cependant) comme un réseau de production d'un produit à base de coton.

4.

Question 4
Quels territoires sont concernés par l'économie du coton ?

1. Les pays producteurs de coton
Les États-Unis, le Pakistan, l'Inde et le Brésil sont parmi les quatre premiers producteurs mondiaux de coton. Ils sont donc directement concernés par une quelconque évolution de l'économie du coton, même si dans le cas des pays les plus riches ou spécialisés dans divers domaines, l'évolution de cette économie peut ne pas jouer un rôle prépondérant. 

Viennent ensuite le Mali, l'Ouzbékistan, l'Égypte et le Burkina Faso. Ils sont des producteurs « primaires » de coton qui ne bénéficient pas nécessairement de subventions ou d'apports technologiques à leur activité. Le coton joue de plus un rôle essentiel dans certains cas, comme au Mali ou il est une ressource importante de bénéfice : la CMDT est un symbole de l'importance du coton dans l'économie malienne.

2. Le cas particulier de la Chine
La Chine a un lien particulier avec le coton : elle est productrice et transformatrice de la matière, ce qui fait que le coton a un rôme deux fois plus important dans son économie. Elle se classe comme étant le pays qui produit le plus de coton au monde, et en plus de cela, avec ses nombreuses usines, elle se charge de le transformer en des biens directement consommables à l'étranger. Datang, ville de la chaussette est un exemple de l'importance de l'économie cotonnière dans le pays chinois. De plus, elle est directement consommatrice de ce qu'elle produit, puisque le coton se décline sous des rôles variables. Ainsi, la Chine satisfait seule sa demande de coton.

3. Les pays consommateurs et exploitants du coton
La plupart des pays développés (ou même en voie de développement !) sont globalement de très gros consommateurs de coton : à travers l'industrie du textile, la médecine, l'alimentation, et encore d'autres domaines ils consomment tous, sans exception, le coton. Ils sont donc indirectement concernés par son économie, mais certains parfois plus :
La France possède plusieurs usines et laboratoires destinés au coton, à un but différent de la Chine : ce sont des laboratoires destinés à étudier la matière, par exemple pour trouver de nouveaux usages ou faciliter son utilisation. Au Brésil aussi, on retrouve certains de ces laboratoires qui prennent de l'importance grâce au statut de "pays émergent" du Brésil. 
Le coton est aussi exploité avec la nouvelle dimension de la mondialisation : la dématéralisation. Les échanges boursiers sont plus importants avec la bourse cotonnière, centralisée aux États-Unis : les pays concernés sont donc les exportateurs (et donc producteurs) du coton, quand ils ont la capacité de disposer d'un centre boursier.

5.

Question 5
Quelles sont les grandes questions touchant à la mondialisation ?

Le livre d'Erik Orsenna a un intêret supplémentaire à travers les réflexions qu'il dégage, de façon subtile ou bien directe. Plusieurs problématiques de l'ordre de la mondialisation apparaissent. On peut ainsi les étudier par ordre d'importance, même si chaque problématique a son lot de difficultés et de questions.

La première problématique qui surgit durant la lecture (et après) du livre, est la grande inégalité entre les pays du Nord et ceux du Sud. C'est une conséquence directe de la mondialisation, et du choc entre plusieurs économies qui n'ont pas évolué de la même façon.
Il existe de nombreuses différences dans chaque pays producteur de coton et cela se voit avec, par exemple, l'opposition entre les producteurs maliens et américains : les américains ont droit à plusieurs subventions de l'État, afin de faciliter et accélérer leur production. Les maliens, quant à eux sont souvent facturés et doivent verser plusieurs impositions à l'État malien et à la CMDT. 
Paradoxalement, les producteurs maliens ont bien plus besoin de l'argent qui provient de la production du coton : elle est encore vivrière et est essentielle à leur survie. Ils sont le plus souvent sujets à la pauvreté, et en plus de cela, ne bénéficient que très rarement des avancées technologiques faites dans la production cotonnière. Ils ramassent parfois encore le coton à la main, par exemple. Pourquoi les maliens n'auraient-ils pas droit à des subventions de l'État ? Pourquoi, au contraire subissent-ils les effets de leur économie ? En effet, il semble tout simplement injuste que les producteurs qui font cette activité pour survivre ne puissent pas retirer de véritables profits de leur production faite dans des conditions extrêmement difficiles.
Les pays producteurs comme le Mali sont tout victimes d'un manque de transparence et du manque de règlementation du processus de la mondialisation au niveau mondial. Ils n'ont de plus, pas de lien avec une quelconque organisation qui pourrait défendre et faire valoir leurs droits : ils subissent un lourd manque de visibilité et de reconnaissance. Le monde ne se soucie que trop peu des producteurs qui sont derrière les vêtements et les produits qu'ils consomment dans la mesure où ils en bénéficient. Ainsi, avec la mondialisation qui s'accélère, les inégalités se creusent toujours plus au lieu de se réduire.

De cette différence de production découle directement la question de la modification et de l'évolution de la culture du coton. Au Mali, au Burkina Faso et dans les pays de l'Afrique de l'Ouest, on produit un coton pur, libre de toute substance et modifictation ou mutation étrange. Le coton est récolté à la main, très rarement modifié, et est d'une qualité tout simplement supérieure aux productions américaines. En Égypte, la culture du coton était une tradition, quelque chose qui faisait grandement partie de l'histoire égyptienne. Ces cultures pures, libres de toute contrainte font face à une grande évolution du monde : le phénomène économique et l'accélération globale de ce qui se fait dans le monde.
Tout va plus vite, absolument tout : l'homme cultivateur de coton est remplacé par d'énormes machines, toujours dans l'objectif d'obtenir plus d'argent des consommateurs. La qualité disparaît au profit de la rapidité : la quantité avant la qualité. Pourtant, le proverbe connu de tous ne prône-t-il pas l'inverse ? Le monde d'aujourd'hui est orienté vers l'argent, l'économie et le bénéfice : les cultures africaines sont bien trop lentes pour suivre cette grande évolution. La culture égyptienne perd de sa traditionnalité, la culture malienne ne parvient pas à faire face à l'importance et l'ascension de la culture américaine et chinoise qui se fait de façon mécanique.
Le coton perd de sa pureté aussi à cause des avancées scientifiques, et de la volonté humaine de perfectionner, parfois au détriment des valeurs originelles. Aujourd'hui, on essaie de combiner le coton à la qualité des toiles d'araignées, par exemple. Et ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. De telles innovations semblent être inutiles, mais elles sont un symbole de l'innovation dont le monde n'a parfois tout simplement pas besoin. Mais le coton n'est pas le seul à faire les frais de la nature humaine en quête d'argent et de science : l'environnement aussi les subit.

Quoi qu'on en dise, les machines seront toujours moins respectueuses de la nature que la simple main humaine, quels que soient les apports destinés à moins polluer et moins détruire la nature. Les dernières problématiques sont donc d'ordre environnemental : le symbole même est la destruction du poumon de la planète, au Brésil, toujours pour des questions d'accélération et de bénéfices. Les fermes du Mato Grosso n'hésitent pas à détruire la forêt pour leur production cotonnière. Les OGM sont aussi un autre symbole, avec l'élaboration de plantes mutantes, qui ne correspondent même plus à ce qu'était le coton, à la base. 

Du point de vue de ces problématiques, la mondialisation apparaît comme étant un processus malsain, ne nous apportant que trop peu d'avantages. Le livre révèle plusieurs maux dont l'humain n'est même pas conscient, trop occupé à consommer ses propres produits. Des producteurs, des industries peinent à faire face à une concurrence qui devient beaucoup trop forte. La science tend à détruire ce qu'était le coton : une simple fleur blanche douce au toucher. Le coton devrait rester ce qu'il était, et ne devrait en théorie pas faire les frais des avancées économiques et de la nature humaine. 

6

Question 6
Réalisation du circuit du coton

Les lieux de production du coton sont en vert, ainsi que les flux de coton brut. Les ports, points de passage, sont en jaune. L'usine est en bleu foncé, et les flux de coton transformé ainsi que les consommateurs sont en bleu ciel.